La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest. Face au Mali, l’institution innove. Elle prend des sanctions, mais elle n’exige rien dans l’immédiat. Le colonel Assimi Goita doit tout simplement nommer un premier ministre civil, formé un gouvernement le plus large et inclusif possible et respecter son engagement à tenir les élections dans 18 mois. C’est vraiment de l’innovation, parce que le pays est interdit de participer à toutes les instances de l’organisation. Ou plutôt à toutes les rencontres des chefs d’Etats des pays membres. Quand ils se retrouvent pour respecter le rituel, ils prennent des photos et affichent une certaine cohésion. Et puis c’est tout, le sommet est fini.
Mais Assimi Goita et la junte qu’il dirige peuvent poursuivre leur agenda. Les sommets de la CEDEAO peuvent se tenir à Accra, à Abuja, Abidjan et même à Dakar. Ce n’est pas fondamentalement pour résoudre les problèmes qui se posent à la sous-région. L’insécurité, la pauvreté et les problèmes de stabilité dans certains pays. La CEDEAO a failli imploser en Gambie, lorsque certains voulaient protéger Yaya Djameh qui avait perdu la présidentielle face à Adama Barrow. Alors que Macky Sall voulait le faire partir avec l’armée sénégalaise. Tout a été maîtrisé et Conakry a organisé le voyage du Babili Mansa. Ce n’était que le début d’un affaiblissement et d’une décrédibilisation sans fin.
En Guinée Bissau, la communauté des Chefs d’Etat a eu tort de prendre très vite position dans un processus électoral qu’on a voulu truquer. Certains qui avaient des candidats ont voulu s’appuyer sur une cour constitutionnelle manipulée pour imposer un dirigeant. Ce qui s’est passé dans le cadre de l’élection d’Emballo, est une déculotté collective. Tous les dirigeants par la voix du Président de la commission Jean Claude Kassi Bru ont demandé de tenir compte de la position de l’institution de recours, l’actuel président a tenu à sa victoire. Son pays vient de déclasser la Guinée et bien d’autres dans le classement RSF en matière de liberté de la presse. Le Général Emballo qui était craint était donc si bienvenu dans un pays en quête de stabilité.
En Guinée, la Communauté n’a pas pu dissuader Alpha Condé à poursuivre son projet de troisième mandat. Toutes les visites effectuées par le Général Behanzin et Kassi Bru se sont soldés par des échecs. Et son groupe d’experts venu pour auditer le fichier électoral nous a laissé un travail inachevé. Mais on ne l’en voudra pas. C’est bien à partir de là que l’opposition la plus représentative s’est vu exclue du processus qui devrait permettre de renouveler le parlement.
En Côte d’ivoire, elle n’a rien tenté. C’est quand même la locomotive de l’union monétaire et économique de l’Afrique de l’ouest. C’est le pays de Monsieur Eco. Celui dont le projet de troisième mandat a été très vite compris et accepté par la France. Parce que la France n’est pas d’accord avec le coup de force au Mali, la CEDEAO se croit obligé de condamner elle aussi. Qu’est ce qu’elle peut bien réussir ? Goita est chef et les maliens sont d’accords. Le CFA va continuer à circuler. Et Gao et Kidal resteront au nord.