
Depuis 2019, un nouveau type de transport en commun a fait son apparition dans la capitale guinéenne. Dès lors, ces engins à trois roues connaissent une floraison, au point qu’aujourd’hui, ils rivalisent les taxis traditionnels. Cela, à cause de leur rapidité, l’efficacité surtout moins affectés par les interminables embouteillages. Malgré la convoitise que suscite ces tricycles à travers la capitale, nombreux sont ces citoyens qui évoquent les inconvénients de les emprunter.
Plus fréquentes sur la corniche nord, ces motos ont changé le visage de la circulation routière et révolutionné le transport urbain à Conakry. Si les conducteurs de ces engins à trois roues tirent profit de cette activité, ils dénoncent cependant les rackets et les tracasseries policiers. Les passagers eux se plaignent du manque de prudence chez certains conducteurs dans la circulation, qui sont très enclins à prendre la troisième position, avec des risques de collision.

Croisé à la T7, à la quête d’un moyen de déplacement pour se rendre à Kipé, Mamoudou KOMARA dit ne pas s’en passer : « Ils roulent parfois en excès de vitesse dans la circulation. Ils aiment aussi dépasser les véhicules en prenant la troisième position. Mais on ne peut pas s’en passer. Quand je suis pressé j’emprunte ces motos parce que c’est rapide mais j’ai peur pour ma sécurité surtout sur la grande voie. Avant, j’avais peur parce je me disais que le passager peut tomber et tout, mais des amis m’ont fait comprendre qu’il y a des chaines à la place des portières et que c’est rapide. C’est vrai, grâce aux motos tricycles aujourd’hui nous nous déplaçons facilement », a-t-il déclaré.
Avec 500fg d’ajout sur le prix du tronçon des taxis normaux c’est-à-dire 2.000fg par tronçon, la recette journalière de ces engins se négocie entre 90 à 100.000fg. De nos jours, nombreux sont des jeunes qui parviennent à trouver leur quotidien dans ce métier de conducteurs de tricycles. Aliou II DIALLO est l’un d’eux. Il conduit entre T7-Madina, en passant par la corniche. Malgré son effort, M. DIALLO dénonce les rackets et les tracasseries policiers qui l’empêchent parfois de compléter sa recette journalière.
« Les policiers nous fatiguent sur la route. Plusieurs de mes amis ne travaillent plus parce que s’ils prennent une moto alors qu’ils ont été embauchés, le propriétaire de la moto réclame une recette de 90 mille à 100 mille francs guinéens. Quand tu travailles, difficilement tu gagnes ce montant. Lorsque la police t’arrête, on te rançonne à partir de 100 mille ou 200 mille francs guinéens voire plus, selon le délit. C’est vraiment difficile à gérer et ça fait mal. Tous les conducteurs de moto tricycles ont ces problèmes. Nous souffrons vraiment sur la route. Les policiers disent que nous faisons la troisième position sur la circulation. Alors que nous avons un problème en arrêtant de le faire. Si nous décidons de suivre la voie des véhicules et rester dans l’embouteillage, ce n’est pas bon parce que nous sommes embauchés. Nos employeurs attendent les recettes tous les jours et ça ne doit pas manquer que ça marche ou pas. Le matin au moment où nous avons des clients, il y a les embouteillages alors qu’après ce temps on n’a pas assez de clients et on ne pourrait pas avoir d’argent. C’est pourquoi nous prenons pendant les embouteillages la troisième position pour être rapide et avoir au moins le matin 5 à 6 voyages. Le soir on peut se débrouiller », a raconté Aliou, croisé au carrefour Fossidet.
Pierre LEODESTIN