À rebours de bon nombre de pays qui optent pour une cohabitation avec le virus et lèvent les restrictions, la Chine continue à suivre une politique zéro Covid-19 alors que le nombre de cas reste le plus élevé pour le pays depuis la première phase de l’épidémie, début 2020. Avec le filtrage drastique aux frontières, des déménagements «via» un téléphone portable se font pour celles et ceux qui n’ont pas pu revenir en Chine depuis le début de la pandémie.
En Chine, il faut parfois contourner un pont de béton pour éviter une zone d’habitation classée à risque Covid-19 qui risquerait de faire passer votre passe sanitaire au orange. Plus de deux ans après le début de la pandémie, il reste des résidences confinées à Pékin et des déménagements à retardement avec des appartements où quasi rien n’a bougé depuis le départ soudain des locataires en 2020.
Avec des visas suspendus, un manque d’avions et des quarantaines drastiques à l’arrivée, certaines familles n’ont pas pu revenir en Chine depuis le début de la pandémie, même pour les vacances. C’est le cas de Virginie, qui est mère de famille: « Ça devenait vraiment beaucoup trop cher de garder l’appartement à Pékin. On a beaucoup attendu, on pensait que d’une part on allait pouvoir y retourner et d’autre part qu’on pourrait le sous-louer, mais avec la politique de zéro covid qui n’a pas l’air de changer du tout au niveau gouvernemental, ce n’est pas possible. »
Éviter de déclencher l’alerte sur son passe sanitaire
Monsieur Liu, un voisin venu aider, aimerait récupérer dans la boîte à médicaments, les aspirines et autre antidouleur, qui, là aussi, déclenche l’alerte sur votre passe sanitaire quand vous allez les acheter à la pharmacie à Pékin. Malheureusement, les boîtes sont périmées, comme les décorations sur la porte d’entrée de l’appartement.
« Ce sont les dessins de l’année du rat, explique Monsieur Liu en tapotant sur le carton. C’était l’année où le Covid-19 à commencé. Ils pensaient que ça passerait. Mais maintenant, vous pouvez compter: le rat, le buffle et cette année le tigre, cela fait déjà trois printemps! »
Monsieur Liu maudit le « bingdu » comme disent les Chinois, le virus qui l’a éloigné de ses amis. Ex-chauffeur VTC, il a perdu son travail à cause de la pandémie et des restrictions qui vont avec.
Des déménagements à distance, difficiles émotionnellement
Dans l’appartement, à l’étage plus bas, on espère que les inondations de l’été dernier n’ont pas fait trop de dégâts. On cherche des diplômes, des photos à mettre de côté. Le prix des conteneurs pour l’Europe reste hors de prix, en attendant des jours meilleurs les cartons de la famille de Virginie seront donc envoyés en banlieue de Pékin. Mais les déménagements sur écran ne sont pas faciles.
« Il faut faire ça avec un téléphone. C’est difficile virtuellement, mais aussi émotionnellement, car ça représente 20 ans de vie. Il faut tout décider comme ça à travers les écrans », explique Virginie.
Pour l’instant, les autorités n’ont pas donné de calendrier concernant la réouverture de la Chine. Seule information, le trafic aérien devrait revenir à la normale l’année prochaine. Et la ville de Shanghai, totalement confinée depuis le début du mois, a annoncé mercredi un léger assouplissement des restrictions, qui pénalisent le ravitaillement et pèsent lourdement sur l’économie de la Chine malgré les 18 000 cas positifs rapportés.
RFI