La loi sur la liberté de la presse. Elle peut exister apparemment mais ce n’est pas ce qui compte. Elle peut avoir été adoptée avec beaucoup d’espoir. Lorsqu’elle n’est pas voulue par ceux qui décident, ils s’arrangeront pour la bafouer. Nous sommes au stade de l’application et les politiques sont les premiers à s’en plaindre. Parce que certainement ils sont jaloux. Jaloux et ils ne veulent pas admettre qu’un citoyen puisse être condamné sans faire la prison. Ils le disent avec beaucoup de colère et souhaitent que le législateur revienne rapidement sur cette loi adoptée par le conseil national de la transition. Qu’il revoit toutes les dispositions qui dépénalisent les délits de presse.
Ils sont jaloux, mais ils ne savent pas de qui ils le sont. Dans leurs discours, ils pointent du doigt les journalistes. Parce qu’ils sont convaincus que la loi sur la liberté de la presse a été adoptée pour et seulement les professionnels de la presse. Voilà le problème. Il existe un vrai problème de compréhension de la dépénalisation des délits à travers les médias. Pourtant, les journalistes ne sont pas les seuls bénéficiaires de ce progrès démocratiques voulu par tous les guinéens et réalisé par la transition militaire. Il fallait vivre les périodes sombres pour comprendre la nécessité qu’il y avait de franchir le pas. Et à l’époque tout le monde était content.
La loi 002 n’est nullement réservée aux journalistes de manière exclusive. Il faut peut-être le dire avec beaucoup de force aux politiques qui la détestent. Cette loi les protège aussi. Ceux qui prennent la parole pour véhiculer des messages. Ceux qui s’attaquent à la gouvernance et dénoncent les comportements de leurs adversaires. Ceux portent des accusations contre tout le monde. Cette loi les protège. Et rien n’a été fait au hasard.
Les promoteurs de la démocratie qui se sont battus pour en arriver là, ont compris que la liberté ne peut s’exercer que lorsqu’elle est protégée. La liberté de se mouvoir, de croire ou de ne pas croire. La liberté d’aimer et de renoncer. La liberté de parler et de se taire. La liberté de soutenir ou de protester. Toutes sont protégées par la déclaration universelle des droits de l’homme dont la charte africaine des droits civiques et politiques et notre constitution s’inspirent amplement. Si elles n’étaient pas garanties, chaque décideur du monde aurait pu décider de tout à la place de chacun de ses concitoyens. Décider à la place des citoyens de ce qu’ils doivent manger et à quelle heure dormir par exemple.
La liberté de la presse est garantie pour cela. Les textes ne sont pas adoptés pour ne pas être respectés. Ceux qui veulent le recule, par simple haine contre les journalistes pourraient bien le regretter. Et lorsque nous insistons là-dessus, c’est pour participer à l’édification de cette démocratie encore fragile. Les acteurs politiques ont plus besoin de la loi sur la liberté de la presse que les journalistes. Le jour qu’ils décideront de revenir en arrière, les journalistes n’auront d’autres choix que de faire du travail superficiel, celui d’informer et les politiques ne dénonceront désormais que dans leurs propres chapelles politiques. S’ils le comprennent c’est bien.