Le mardi 14 juillet prochain, le syndicat d’EDG annonce une nouvelle grève pour :
- Protester contre le refus du Directeur général de les recevoir
- L’application du protocole d’accord signé le 27 Aout 2019 entre VEOLIA et le collège syndical
- Dénoncer les nominations fantaisistes des directeurs de département en dehors du personnel d’EDG
Ces 3 points cités sont essentiellement les motifs pour lesquels le syndicat d’EDG veut aller en grève, en plus, une grève dite générale et illimitée sur l’ensemble du territoire national. A y voir de plus près, on dirait qu’il s’agit d’un chantage orchestré par un groupe d’individus qui cherche à créer de la diversion pour se faire remarquer. Ce groupe d’individus joue le jeu d’un clan mafieux, tapis dans l’ombre et qui attend de tirer profit de la situation.
- De l’ambiance qui prévaut à EDG
La société EDG est l’un des établissements publics du pays où prévaut un climat assez énigmatique, le climat à EDG a été longtemps pollué au point que le fonctionnement, à un moment donné, se faisait de manière clanique. Le chef de l’Etat a tenté plusieurs stratégies pour faire de cette société une référence. De la gestion d’EDG par des cadres à l’interne, à la signature du contrat de performance avec VEOLIA, en passant par les nombreux changements de statut de la société, aucune de ces solutions n’a permis de changer EDG. Alpha Condé s’est plutôt dit déçu.
C’est donc pour palier ce dysfonctionnement et pour résoudre définitivement les conflits persistants à l’interne qu’un Conseil d’administration a été mis en place, le 19 Août 2019 avec à sa tête, Ousmane Bah, ministre conseiller à la présidence. L’arrivée de ce dernier a coïncidé avec la fin du contrat entre l’Etat guinéen et VEOLIA. Il décide de changer les choses, à sa manière, en procédant à une nouvelle méthode de recrutement, au niveau de tous les départements. Des appels à candidature sont lancés pour les postes suivants : 1- la Direction Générale ;
2- Direction des affaires juridiques et contentieux ;
3- Direction de l’audit interne ;
4- Direction des achats, approvisionnement et logistique ; 5- Direction des systèmes d’information ;
6- Direction des affaires financières ;
7- Direction production et transport ;
8- Direction Commerciale ; 9- Direction des études, de la planification et de l’équipement ; 10- Direction distribution et exploitation régionale ; 11- Direction qualité, sécurité et environnement ;
12- Direction des ressources humaines
Pour procéder à ces recrutements, le PCA a fait appel à un cabinet international appelé MAZARS, créé depuis 1976 et basé en Côte d’Ivoire. Mazars est une organisation internationale, intégrée et indépendante, spécialisée dans l’audit, le conseil et les services comptables, fiscaux et juridiques. Il est présent dans 77 pays à travers le monde. Le cabinet MAZARS a plus de 17 000 collaborateurs à travers le monde avec ses 260 bureaux.
En plus du cabinet MAZARS, c’est la banque mondiale qui a accompagné le projet.
C’est donc cet appel à candidature qui a abouti au recrutement, dans un premier temps, de Bangaly Maty, le nouveau Directeur Général. Sur la vingtaine de candidats retenus, il s’est illustré dans le trio de tête. Et comme par surprise, sa nomination avait suscité de nouvelles plaintes chez certains, notamment, le syndicat qui a dénoncé la forme. Sans le dire ouvertement, certains sont allés jusqu’à dire que Bangaly Maty n’avait pas eu la moyenne requise pour occuper ce poste, il aurait été nommé par consensus.
Au lendemain de sa nomination et comme par hasard, le syndicat avait, à nouveau, décidé d’aller en grève, pour des raisons, non pas liées aux conditions de travail du personnel mais plutôt, liées au recrutement et à la présence du siège du CA dans l’enceinte de la cour de la cité chemin de fer. Cette menace de grève s’est éteinte, toute seule, lorsque le secrétaire général du syndicat, s’est cassé les dents, tout seul dans l’émission les Grandes Gueules, à la veille du mot d’ordre, en Janvier 2020. Après son passage calamiteux dans l’émission, l’idée de grève a été vite oubliée, certaines choses ont été vite démasquées.
Cette étape passée, le recrutement pour les autres postes cités, plus haut, est en cours. Le syndicat s’y oppose et parle de recrutement fantaisiste de cadres qui ne seraient pas du personnel d’EDG.
- On est désormais en droit de se demander si le syndicat est vraiment au sérieux ou que vise-t-il réellement à travers son mouvement ?
Voici pour commencer, un exemplaire des 12 appels à candidature lancé au mois de décembre 2019.
Nulle part, sur ce document il n’est mentionné que les postulants doivent provenir exclusivement d’EDG, au contraire, c’est un appel à candidature ouvert à tout le monde, avec des critères bien précis. Il est bien indiqué sur ces documents que « Pour être nommé Directeur ou directrice, il faut jouir de ses droits civils, civiques, politiques et n’avoir pas été condamné à une peine afflictive ou infamante et n’avoir pas mis en faillite une entreprise ».
Si le syndicat devait protester, c’était bien à cette époque et aucun guinéen ne lui aurait demandé pourquoi. Mais comment comprendre que 8 mois après ces appels lancés, les tests effectués et les résultats disponibles l’on se lève pour parler de recrutement fantaisiste ? Le plus ridicule, c’est lorsque le syndicat affirme dans son avis de grève que le personnel d’EDG n’est pas représenté.
Et pourtant sur les 11 postes de direction, 4 directeurs ont été recrutés au sein de l’entreprise, ce sont : les sieurs Charles Balamou, (directeur administratif et financier), Ousmane Condé (directeur distribution et exploitation régionale), Ibrahima Camara (Directeur Production et Transport) et Elhadj Kaba, directeur audit et contrôle interne qui doit démissionner du conseil d’administration.
5 directeurs ont été recrutés à l’externe, ce sont les sieurs Appolinaire Haba, à la Direction des ressources humaines; Aboubacar Kondé à la Direction des approvisionnement, achats et logistiques; Direction Qualité, Sécurité et Environnement, Saliou Diouldé Sow àla Direction des systèmes d’informations; Afadodan Yaovi, à la Direction affaires juridiques et contentieux;
Et 2 postes sont restés vacants, tout simplement parce que les candidats n’ont pas pu valider le test, sur les 100 points, ils n’ont pas pu atteindre 50.
Il faut préciser que durant les tests, beaucoup de postulants qui sont des cadres à EDG, n’ont pas eu la moyenne, seuls les plus méritants ont été retenus, selon nos sources. Sinon, comment expliquer que 2 postes soient encore vides, qu’est ce qui empêche la Direction générale ou le PCA d’y nommer des gens, si les nominations étaient vraiment fantaisistes ?
- L’autre point soulevé par le collège syndical est le refus supposé du directeur général de les rencontrer.
Sauf erreur, le jeudi 09 juillet dernier, le collège syndical a été bel et bien reçu par Bangaly Maty, le Directeur général. Les discussions ont porté essentiellement sur 2 points :
- le rejet du statut de l’entreprise qui a été promulgué par décret le 06 Aout 2019
- L’intégration de nouvelles recrues, à la suite d’un test ouvert à tout guinéen
Sur le premier point de revendication, Bangaly Maty a demandé aux syndicalistes de saisir la justice pour trouver une solution à leur requête. Et sur le 2e point, le directeur général d’EDG a fait savoir au syndicat qu’il trouvait incohérent sa démarche. Pour lui, ça aurait été différent si le syndicat avait rejeté dès au départ l’annonce de recrutement. Selon lui, le processus de recrutement par voie de test est le seul moyen objectif pour la mise en place d’une direction plus dynamique. Il leur a conseillé d’adhérer aux réformes, en cours, afin de permettre à l’entreprise de connaitre le renouveau.
- Si après de tels échanges, le syndicat décide de maintenir son mot d’ordre de grève, c’est qu’il y’a lieu de s’interroger sur ses motivations véritables. Que cache véritablement ce mouvement du collège syndical d’EDG ?
Pour répondre à cette question, nous avons fouillé et nos enquêtes nous ont amené à la conclusion suivante. Des cadres d’EDG qui ne trouvent leur salut que dans des pratiques louches, pourraient se cacher derrière ce mouvement. Il y’a des cadres qui caressaient le désir de devenir un jour patron d’EDG ou directeur à vie dans un département, chose normale, mais le test de recrutement est venu mettre fin à ce rêve. Ces cadres ne supportent pas de se voir diriger par des personnes venues d’ailleurs. Ne pouvant afficher leur mécontentement au risque de voir leur petit jeu découvert, ils trouvent moyen de manipuler le syndicat afin que celui-ci porte leur revendication. Ce sont ces cadres d’ailleurs qui jouent le rôle de conseillers auprès de ce collège syndical dont la légitimité est contestée.
Autre chose non des moindres, qui pourrait expliquer les problèmes survenus à Kankan et qui ne sont pas forcément dissociables de cette grève, c’est le cas des dix groupes électrogènes offerts récemment par le chef de l’Etat pour être acheminé à Kankan. Pour leur mise en service, un appel d’offre avait été lancé par le ministère de l’énergie et les sociétés retenues avaient réclamé les coquettes sommes de 50 et 60 milliards de francs guinéens. Le DG Bangaly Maty avait refusé d’agréer ces contrats derrière lesquels pourraient se cacher des cadres de l’énergie. Il a simplement confié le contrat d’installation de ces groupes aux techniciens d’EDG qui sont à pied d’œuvre pour les finaliser. A peine 2 milliards ont été débloqués pour le travail. Il y’a nettement une volonté de faire échouer la dynamique enclencher, pour des raisons égoïstes et personnelles.
- Au sujet du syndicat
L’actuel bureau sera remplacé au mois de septembre à travers de nouvelles élections. Durant son mandat, ce bureau dirigé par Ahmed Cissoko, est resté muet face à la souffrance des travailleurs qu’il est sensé défendre, pourtant. Sinon comment justifier le silence du syndicat d’EDG face au sort de plus de 400 bénévoles qui travaillent dans les centrales, certains grimpent sur les poteaux, en cas de panne. La plupart sont à EDG depuis 10 ans voire plus, ils portent toujours le titre de stagiaires, sans être embauchés. Les chefs d’équipes qui ne se souviennent même plus de la dernière fois qu’ils ont suivi une formation. Voici des questions pertinentes qui auraient rendu la plateforme de revendication objectives et défendable. Mais les griefs tels que portés n’ont aucune chance de prospérer parce qu’ils visent à défendre les intérêts de certains cadres véreux tapis dans l’ombre et qui tirent sur la ficèle.
- Des réformes ont, pourtant, été initiées par le nouveau Directeur Général
Depuis son arrivée, le 14 février 2020, soit 5 mois après, le nouveau directeur d’EDG est dans une dynamique du renouveau, il veut rompre avec les pratiques du passé. C’est ainsi qu’il a procédé au lancement d’une nouvelle agence commerciale qui facilitera la vie des clients, lors des abonnements, des paiements de factures et même des réclamations, il a aussi rendu possible le paiement des factures par Orange Money et ECOBANK, le centre d’appel a été redynamisé. Son acte pour la mise en service des 10 groupes de Kankan illustre parfaitement, l’ambition qui l’anime. Il a refusé de payer plus de 50 milliards à des sociétés, en privilégiant les compétences au sein d’EDG. En lieu et place de 50 milliards ou plus, il n’a pu débourser que 2 milliards.
Ne dit-on pas souvent que « pour faire des omelettes, il faut casser des œufs ? »
Il faut préciser que cet article est la première étape d’une série d’éléments sur lesquels nous reviendrons, avec d’autres révélations.
A suivre.
Source: Guinee114