« Dans la vie des peuples et des nations, il y a des instants qui semblent déterminer une part décisive de leurs destins et qui, en tous cas, s’inscrivent dans en lettres capitales dans les annales de leur histoire », disait le camarade Ahmed Sekou Touré.
La déclaration du CNRD suite aux sanctions du Mali par la CEDEAO est tout simplement logique. En effet, sanctionnée par l’institution sous-régionale depuis le sommet extraordinaire des chefs d’État tenu le 08 septembre à Accra (Ghana), la Guinée n’a pas été associée, encore moins consultée sur la panoplie d’embargos économiques, financiers, la fermeture des espaces terrestres, aériens, maritimes des pays membres de la CEDEAO prises contre Bamako.
De ce point de vue, la Guinée n’est pas associée à la prise de décision des sanctions de la CEDEAO visant le Mali car, un membre d’une association ou d’une organisation temporairement ou définitivement suspendu équivaut à l’exclusion, et ne peut donc pas être tenu pour responsable des actions de cette dernière.
« No contribution No drink », disent les anglo-saxons. On est tenté de dire de quoi se mêle la Guinée?
Par ailleurs, dans un espace CEDEAO où, les échanges commerciaux entres les états membres ne dépassent pas 10 à 15%, la seule crainte du Mali, un pays continental est d’être coupé des ports de la sous-région. Heureusement que les autorités guinéennes à travers le CNRD, ont décidé, au regard de ce qui précède, de maintenir ses espaces terrestres, aériens, maritimes grandement ouverts pour le Mali et l’ensemble des membres de l’organisation sous-régionale.
Faut-il rappeler que la Guinée commerce plus avec la Chine que n’importe quel pays de la CEDEAO. La Côte d’Ivoire de même avec la France plus qu’avec le Sénégal. Le Togo commerce avec le Japon plus qu’avec le Bénin.
Ceci étant, ce constat est si patent que la Mauritanie, un pays de l’Afrique de l’Ouest, qui n’est pas membre de la CEDEAO, se porte mieux que la plupart des états de la sous-région.
A quoi sert la CEDEAO, à l’origine une organisation économique dans laquelle les échanges commerciaux entre les pays membres sont entre 10 à 15%?
Aujourd’hui et face à la mondialisation, seuls les grands ensembles régionaux à l’image du MERCOSUR, l’Union européenne, l’ALENA, la Chine et les États d’Asie… tiennent débout, pendant que la CEDEAO s’est détournée de son objectif originel engluée, empêtrée quelle est dans les éternelles crises politiques.
A cette allure, faut-il vraiment craindre la désintégration de la CEDEAO, devenue le syndicat des Chefs d’Etat ? Rien n’est moins sûr !
Quoi qu’il en soit, en suspendant la Guinée de toutes les instances de la CEDEAO, à charge et à décharge, Conakry rappelle son statut actuel de membre suspendu de la CEDEAO à l’institution sous-régionale, un exclu temporaire de l’organisation qu’on ne consulte pas, qu’on associe pas, qui ne décide rien, qui n’applique donc rien. C’est le droit. Cest la loi. Ça s’appelle le retour de l’ascenseur.
« Dura lex Sed lex », dit-on.
Et si la CEDEAO était tombée dans son propre jeu!
En attendant, si dans les semaines ou mois à venir la CEDEAO envisageait un quelconque embargo contre la Guinée, loin de toute démagogie, de tout narcissisme, c’est le monde économique, industriel… qui tremblera car, Conakry dispose des moyens de rétorsion conséquents comme Moscou, Washington, Paris, Pékin…
Dans notre prochaine livraison, sans langue de bois, nous développerons en long et en large les moyens de répressions de Conakry face à tout éventuel embargo.
Paul Moussa DIAWARA