Les fonctionnaires à la retraite. Le ministre du travail et de la fonction publique ouvre un chantier assez vaste. Au-delà de la joie que la démarche semble susciter, il y a bien des questions à se poser.
D’autant plus que parallèlement, un contrôle est en cours pour connaître le nombre et la qualité de ceux qui prêtent leurs services à l’Etat. Le ministre du travail commande un recensement, le ministre de l’administration du territoire fait pareil. Comme pour dire, ceux qui sont payés pour faire le contrôle ne le font pas correctement.
Conséquence : le fichier qui aurait dû être assaini depuis longtemps, a été davantage corrompu. Mais venons-en à la mise à la retraite. C’est un droit. Ceux qui ont atteint l’âge doivent en bénéficier. Et le gouvernement veut le faire avec toute la manière. Une cérémonie d’au revoir, pour les féliciter.
Ils ont été utiles, donc ils méritent la reconnaissance de l’Etat. C’est bien. Ce serait même bien de leur donner des cadeaux précieux qu’ils garderont par devers eux. Des satisfécits aussi. Ils pourront leur montrer à leurs enfants et petits enfants. Ils deviendront ainsi des porte-paroles du gouvernement, auprès de ceux qui l’année prochaine, bénéficieront de la même faveur. Le droit au repos.
Ce ne sera cependant pas suffisant. Les guinéens ont la phobie de la retraite. Ils ont raison. L’Etat qui ne paie déjà pas bien, fait souffrir ses employés, une fois qu’ils partent à la retraite. La pension n’est pas significative et ils souffrent pour l’obtenir. Qui n’a pas vu dans les communes de Conakry, des retraités, très âgés, se battre sous le soleil pour entrer en possession de ces modiques sommes d’argent ? Qui n’a pas appris que bien d’entre eux ont souvent été oubliés ? Ce sont des réalités que nous observons chaque année.
Le travailleur qui a cotisé, pendant tout son séjour dans l’administration, finit par ne rien construire pour lui-même et pour sa famille. Il quitte alors sans trouver un habitat décent pour ses héritiers. Comment les regarder avec fierté, lorsqu’ils sont obligés de souffrir comme lui. Ainsi, il aura vécu pour pas grand-chose, lorsqu’il n’aura pas été utile au-delà d’avoir enfanté. C’est une question de dignité.
L’Etat est dans l’obligation de réparer cette injustice. Le travailleur, même mis à la retraite, doit se sentir fier d’avoir travaillé pour son pays. Il doit pouvoir léguer à sa descendance un héritage, petit soit-il. Il doit être capable de lui assurer une éducation et l’accès aux soins de santé de qualité. Et cela ne doit pas être négociable, parce que c’est tout le sens de la vie et d’être un père ou une mère.
Il faut mettre à la retraite. Il faut aussi et nécessairement améliorer les pensions. En attendant ceux qui se plaignent d’avoir été très tôt envoyés au repos doivent être écoutés. Les cadres du ministère de la fonction publique, ont été cupides. Ils ont eu des attitudes qui n’ont pas aidé à garantir au pays, une administration accessible à tous les diplômés. Nous avons longtemps dénoncé, il faut maintenant retrouver et sanctionner les fautifs.
Jacques Lewa LENO