Alors qu’Israël organise dans le Néguev une rencontre entre les chefs de la diplomatie israélienne, américaine et de plusieurs pays arabes ayant normalisé leurs relations avec l’État hébreu, une fusillade meurtrière a eu lieu ce soir dans la ville de Hadera, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Tel Aviv.
Selon les dernières informations du Magen David Adom, l’équivalent israélien de la Croix-Rouge, au moins deux policiers, un homme et une femme, sont morts et au moins six personnes ont été blessées dans l’attaque. Dudu Boani, haut responsable de la police dans cette région, a indiqué que les assaillants, deux Arabes israéliens, avaient été identifiés par le renseignement israélien comme des agents locaux de l’organisation État islamique (EI).
Les images des caméras de surveillance diffusée par une chaîne de télévision israélienne montrent deux hommes, arme automatique en main, sur une route, avant de se diriger vers le trottoir, ouvrant le feu sur des policiers dans la ville d’Hadera, située entre Haïfa et Tel Aviv.
Le porte-parole de la police, Eli Levy, précise que « deux membres des unités de contreterrorisme de la police des frontières qui étaient dans un restaurant tout près du lieu de l’attaque sont sortis et ont neutralisé les assaillants », des Palestiniens d’Israël, venant d’Umm al Fahm, estime un autre communiqué de la police.
De nombreux renforts sont sur les lieux et le quartier est bouclé. Peu après, les forces de l’ordre quadrillaient des pans d’Umm al Fahm, ville arabe à une vingtaine de kilomètres de Hadera, ont indiqué des témoins.
Condamnations des acteurs politiques
Ayman Odeh, chef de file de la «Liste unie », un regroupement de partis politiques arabes israéliens concentrant ses appuis dans le nord du pays, a condamné l’attaque, estimant qu’elle « n’avait rien à voir avec la lutte politique que le public arabe mène pour ses droits ».
Le ministre israélien de la Défense Benny Gantz a tenu en soirée des consultations avec le chef de la police et de l’armée, tandis que le Premier ministre Naftali Bennett, qui s’était entretenu plus tôt en journée à Jérusalem avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken, s’est rendu sur les lieux de l’attaque à Hadera. Il s’y est entretenu avec des responsables locaux, a indiqué son bureau.
Le chef de la diplomatie israélienne, Yaïr Lapid, a indiqué avoir « informé » les participants au sommet du Néguev. « Tous les ministres des Affaires étrangères ont condamné l’attaque et transmis leurs condoléances aux familles des victimes », a-t-il affirmé.
Dans des communiqués différents, les mouvements islamistes armés palestiniens du Hamas et du Jihad islamique ont salué « l’opération héroïque de Hadera » sans toutefois en revendiquer la paternité, le Hamas disant quelle avait été « menée en réponse au sommet de normalisation sur notre terre ».
Montée des tensions à l’approche du ramadan
Mardi dernier, deux hommes et deux femmes ont été tués dans une attaque au couteau et à la voiture bélier à Beersheva, principale ville du désert du Néguev. Des agressions au couteau contre les forces de l’ordre israéliennes ont lieu sporadiquement à Jérusalem et sont souvent le fait de Palestiniens sans lien avec l’EI.
Mais l’assaillant de Beersheva a été identifié par les autorités comme étant Mohammed Abou al-Kiyan, un enseignant de la ville bédouine de Hura dans le Néguev, condamné en 2016 à quatre ans de prison pour avoir planifié de se rendre en Syrie afin de combattre au sein du groupe EI et pour des prêches faisant son apologie.
Une chose est sûre, en Israël et dans les Territoires palestiniens, les tensions sont vives à l’approche du ramadan, le mois sacré pour les musulmans. Une période où, l’an dernier, les nombreux affrontements à Jérusalem avaient mené à onze jours de guerre.
rfi.fr