L’or à Gaoual. La ruée sans fin. Comme pour dire que tout se dessine pour nous maintenir dans la même situation.
Les populations choisissent leur propre chemin. L’Etat ne propose aucun. Le pouvoir qui nous gère se limite aux discours, mais il ne se met jamais devant pour déblayer le chemin. Il ne déblaie pas le chemin de l’agriculture qu’il nous promet pour nous sortir de la famine. Il n’y a pas de jardin qui produise en abondance. Parce que pour ceux qui gèrent, chaque guinéen devrait se débrouiller seul. Se débrouiller pour prendre en charge d’abord sa famille. Ensuite se mettre dans la bataille d’ensemble pour accéder à la liberté économique.
Alors l’exploitation artisanale de l’or quitte la haute Guinée pour la Basse et la Moyenne Guinée. Ce n’est plus de la destruction de l’environnement qu’on a peur, c’est déjà un fait. Aucune couche de la végétation luxuriante d’antan n’est maintenant visible dans la région. Tout est détruit par l’extraction massive de la bauxite. Et ce n’est pas le fait des pauvres citoyens qui se démerdent. L’Etat a signé des contrats, accordé des concessions et promis le bonheur à la place et au nom des compagnies qui s’installent. L’environnement a été sacrifié et aucune mesure compensatoire n’est appliquée sur le terrain.
Ce n’est donc plus de la protection de l’environnement qu’il s’agit, mais des villages. Les villages sont victimes de deux phénomènes principaux : le dépeuplement et l’assèchement des eaux douces. Ces problèmes ne sont certes pas exhaustifs, mais considérons qu’ils sont fondamentaux. Les villages se vident et les jeunes qui quittent, ne partent pas pour se former pour se mettre dans le groupe de ceux qui doivent se battre pour développer le pays. Ils partent pour déployer toute leur énergie dans les fosses à la recherche de pierres précieuses. Ils croient le faire pour pouvoir s’enrichir. Mais en réalité, ils sont à la merci, de ceux qui dans ces zones disposent d’un peu d’argent.
Mais que faire ? Certains politiques disent qu’il ne sert à rien de garder ces mines intactes. Si nous ne les exploitons pas maintenant, elles pourraient ne plus nous être utiles dans les prochaines années. Nous sommes donc entrain d’observer le pouvoir qui manque apparemment d’options, faire de la vente des mines un travail, une ingéniosité. Il n’y a aucune technicité en s’appuyant sur les sociétés qui investissent et leur argent pour extraire la bauxite, le diamant et l’or, pour aller en faire dans des manufactures des bijoux à nous revendre à des prix élevés.
L’exploitation minière détruit tous les points d’eau et tous les jours les habitants des villages boivent l’eau insalubre. Aucune occasion ne leur est offerte pour échapper au danger des eaux souillées. Les collectivités décentralisées ne sont administrées en réalité que par les cadres de l’administration du territoire et de la décentralisation. Les structures déconcentrées qui exercent une véritable pression sur les conseillers élus par les citoyens des différentes communes. Et chacun gagne à travers les mines. Ce sont les populations qui souffrent pour toujours.
J. Lewa