1. Deux multiplications de pains
Dans la première lecture et l’Évangile de ce dimanche, il est question de deux multiplications de pains, réalisées à plusieurs siècles de distance par le prophète Élisée et par Jésus. Dans les deux recits, le miracle est accompli à partir de quelques morceaux de pains offerts par deux inconnus : 20 pains d’orge remis au prophète Élisée par un homme dont le nom n’est pas mentionné, 5 pains et 2 poissons généreusement donnés par un jeune garçon. Bénis et distribués aux foules, ces morceaux tout à fait insignifiants deviennent tellement surabondants qu’après avoir mangé à satiété, on en remplit plusieurs paniers. Voilà les deux événements tels que les textes bibliques les présentent à notre réflexion et à notre foi.
2. L’impuissance de l’homme et le don de Dieu.
Dans cette scène de la multiplication des pains dans l’Évangile, deux éléments intimément liés me paraissent essentiels : le don de Dieu et la solidarité humaine. Tout commence par une question banale que Jésus pose aux disciples : « Où pourrions-nous acheter du pain pour que cette foule ait à manger ? » On devine aisément l’embarras et la gêne de Philippe qui, au nom des autres, fait tout simplement remarquer à leur Maître que la tâche est humainement impossible. Cela nous dépasse ! Réaction tout à fait comprehensible de la part des disciples. Frères et sœurs, devant les grands problèmes comme la faim, la guerre, la maladie et l’injustice, nous éprouvons les mêmes impressions et nous nous retranchons derrière le même aveu d’impuissance.

Effectivement, nous ne pourrons jamais, tout seuls, résoudre l’ensemble des problèmes qui assaillent l’humanité. Mais cela doit-il nous dispenser de faire au moins un geste en direction de ce qui est nécessaire ? Ce qui est certain, c’est que ce jour-là, Jésus a opéré le miracle à partir des pains et des poissons mis à sa disposition par un jeune garçon. Jésus part de ce que nous lui offrons pour répondre à nos besoins, à nos aspirations les plus existentielles et les plus essentielles, comme celles de manger et de trouver du sens. Par ce geste, Jésus nous renvoie à nos responsabilités. Ce serait certainement un progrès immense pour notre humanité si elle arrivait à partager un peu de ses richesses, si elle posait un geste de solidarité réelle qui seul peut rendre possible l’accomplissement du miracle. Mais il ne s’agit pas seulement de donner quelques miettes de pains pour tranquilliser sa conscience.
Le défi que nous lance notre foi est beaucoup plus grand et plus exigeant. C’est une question de justice et de charité. N’attendons pas que des gens aient faim pour leur donner à manger. Faisons en sorte qu’ils n’aient jamais faim et que nous n’ayons pas à donner. Car plus authentique est l’amour que nous portons à un homme heureux, qui n’a que faire de nos dons. Donnons à Jésus ce que nous sommes et ce que nous avons, faisons lui confiance, ayons foi en lui pour qu’il transforme notre être et nos dons en paix, joie et bonheur. Très bon dimanche à tous et à chacun.
Abbé Paul Tamba Kamano.