La vraie victoire d’un président de la République ne consiste pas à justifier son innocence devant un tribunal mais d’éviter le tribunal à tout prix.
Je ne cède pas à l’émotion qui a caractérisé cette première journée : un Dadis Camara poliment dressé devant un président de la cour qui demande sa civilité assez « arrogamment ».
Un Dadis, le chaud qui se plaisait à faire des « Show à caractère humiliants » avec les anciens dignitaires du gouvernement Conté, les diplomates étrangers et même les investisseurs.
De Eric Thiam en passant par l’Ambassadeur de la Grande Bretagne sans oublier le Russe Patchenko, le capitaine, tout frais, tout beau et tout fort s’était érigé en Juge souverain.
D’aucuns même disaient que monsieur Patchenko, l’homme d’affaires russe impliqué dans l’achat de l’usine de Fria n’aurait pas survécu à son humiliation télévisée.
Dadis, ce jeune « révolutionnaire » venu au pouvoir sans effort affichait la rage de voir les choses changer.
Malgré ses observations de plus de 20 ans de pouvoir Conté, il ignorait encore les enjeux du poste de président de la république. Il se demandait même ce qu’est le pouvoir.
La chaleur et l’énergie qu’il dégageait dans ses sorties médiatiques très fréquentes à l’époque lui assuraient une bonne ouverture du pays. La peur de se faire humilier animait tous ses collaborateurs.
Il voulait tellement en finir avec le « système » et ses hommes qu’il finisse lui-même par se faire piéger.
S’il avait lu le Prince de Nicolas Machiavel, il comprendrait sûrement que « celui qui veut être parfaitement honnête au milieu des gens malhonnêtes finira par périr tôt ou tard ».
Les bains de foule qu’il s’offrait, les griots flatteurs de son ego, les ministres chanteurs de ses mérites à chaque occasion de prise de parole, les juges protecteurs de sa divinité, les militaires gardiens de ses humeurs… ont fini par fabriquer un orgueilleux détenteur de droit de vie et de mort sur les quelques onze millions d’âmes réparties sur les 245 857 Km2.
Aucun homme n’est providentiel ! Aucun homme n’est animal politique ! Aucun homme n’est fort ! La force est dans le pouvoir. Le pouvoir vient avec ses hommes et s’en va avec eux. Il est surtout éphémère.
Notre pays est mystérieux, on peut se coucher faible et se réveiller fort à l’image de Dadis. On peut aussi se coucher fort et se réveiller faible à l’image d’Alpha Condé.
Même si la cour le déclare aujourd’hui non coupable, la grandeur de Dadis est déjà foulée au sol. Il aurait pu sortir par la grande porte. Il en a eu l’opportunité en tout cas.
DADIS EST LE PLUS GRAND PERDANT DE CE PEOCES.
L’intérêt revient à l’occupant actuel de tirer des leçons à toutes ces épreuves vivantes.
#Mamarakhouri