Depuis le renversement du régime Condé le 05 septembre dernier par la junte, les débats concernant la non seulement la durée de la transition, la gouvernance du CNRD au pouvoir, mais aussi le profil du futur président de la république de Guinée, se font entendre à travers le pays. Dans cette interview exclusive qu’il a accordé à notre rédaction, Honorable Boubacar Siddighi DIALLO, ancien député de la 9ème législature et président du parti Union pour le Mouvement Populaire (UMP), aborde avec aisance ces points qui font l’actualité de la Guinée.
Lematinalplus : Avec quel regard observez-vous la transition guinéenne ?
Hon. Aboubacar Siddigui DIALLO : « La transition c’est d’abord une chose qui n’est pas souhaitable dans un pays, dans un contexte normal, mais qui est utile dans contexte où le droit n’est pas dit, où le droit n’est pas respecté, où les libertés ne sont pas consacrées et où l’élite politique ne donne pas de bons résultats à son peuple. Voilà ce qui peut amener une transition souhaitable. Lorsque la transition s’installe, il faudrait qu’elle essaye de s’appuyer sur des normes existantes et qu’elle essaye d’amener à une proportion conforme à la loi. Aujourd’hui nous sommes dans une transition. Cette transition quoique illégale mais a acquis la légitimité qui n’a jamais été exprimée au paravant. Donc ça nous met dans un certain espoir que la population puisse se retrouver demain dans les actes qui seront posés par les acteurs de la transition. Aujourd’hui ils sont en train de poser des actes qui rassurent, même quelque part il y a des méthodes qu’on aurait souhaité qu’ils améliorent. Globalement aujourd’hui, on apprécie la transition selon l’espoir qu’on veut avoir d’elle ».
Que pensez-vous de la durée de la transition qui continue de soulever les débats dans la cité ?
« Je penses que la durée de la transition est un débat nécessaire, normal. Mais à l’allure des choses, on voit beaucoup plus une défense d’intérêt de corporation que celle d’intérêt national. Des partis politiques qui veulent rapidement aller aux élections, veulent écourter la transition, la junte qui s’est accaparé du pouvoir, veut allonger la transition. Donc chacun fait ce qui lui est favorable mais où est l’intérêt du peuple dans tout ça ? Alors la seule chose qui justifierait la transition c’est les réformes. On ne peut pas comprendre que dans un pays, on débarque un président pour venir encore favoriser l’élection d’un autre sans justifier pourquoi on a débarqué le premier par la force surtout quand il est élu selon les lois, les instruments de la république. Lorsqu’il faut justifier la durée de la transition, c’est à travers des activités qu’on appelle le chronogramme. C’est ce chronogramme là en principe qui doit définir le timing qu’il faut pour aller à la durée. Mais les gens fixent les dates en fonction de leur volonté d’allonger ou de raccourcir la transition. Dès lors que le débat porte sur cette volonté, alors le réalisme n’existe plus. Pour parler de délai, il faut parler d’activités. C’est-à-dire qu’est-ce qu’on va faire de cette transition ? Pour obtenir quel résultat ? Maintenant lorsque l’ensemble de ces activités aura été convenu par tous les acteurs sociopolitiques du pays, on essaye maintenant de fixer une date pour chaque activités. Et c’est le total de ces activités qui continue le chronogramme d’une transition. Mais malheureusement dans notre pays, il y a des politiques qui disent Oui, en 15 mois, on peut finir la transition. Ceux qui ont pris le pouvoir aujourd’hui l’on fixé à 39 mois, une partie de ces gens là en ramène à 36 mois. Autant de propositions de date, mais personne ne vous dit que ce chronogramme là voici le timing qu’il faut et c’est total de cela qui donne telle date. Ils faut que les gens soient réalistes. Que chacun revienne à une proportion beaucoup plus nationale que personnelle. »
Êtes-vous d’accord pour la suspension des opérations de récupération des domaines de l’Etat, alors que beaucoup en ont déjà payé les frais ?
« Je crois que s’ils suspendent les opérations de récupération des domaines de l’Etat, c’est parce qu’ils ont fait le constat de certaines choses à régler et à normaliser. Moi je suis toujours d’accord quand l’Etat se remet en cause pour éviter de violer les droits individuels. Donc si c’est le cas, il n’y a aucun problème. Puisque le ministre Gaoul avait dit qu’on allait examiné au cas par cas la situation et je crois qu’ils sont en train d’aller vers cette pratique là. Il faut éviter que des guinéens mal intentionnés profitent d’un ordre qui a été donné pour faire un règlement de comptes. Vous avez vue quand on avait dit de dégager les voiries, certains partaient jusqu’à l’intérieur des quartiers pour détruire des bâtiments. Ce qui n’est pas le cas. Il faut que ceux qui se sont livrés à cette pratique, soient traduits en justice. Mais lorsque l’Etat ne dit rien malgré qu’il y a eu beaucoup de ratés, on a jamais vu quelqu’un être interpellé pour cela. Donc je serais d’accord si cette pause là soit de telle nature. Maintenant si la pause est de dire, puisqu’il y eu beaucoup de mécontentements donc il faut arrêter, quel est la situation des personnes qui ont déjà été victimes? Ils ont cassé pour des uns, si on doit laisser pour les autres, c’est de l’injustice. S’ils doivent terminé le travail, alors ils n’ont qu’à le terminé.»
Que pensez-vous de la décision du CNRD suspendant toutes manifestations de rue jusqu’à nouvel ordre ?
« La suspension des manifestations est une règle normative. Dans une république, il y a des moments où pour des besoins d’intérêt national, qui privent des citoyens d’une partie de leurs droits. C’est pourquoi on a prévu l’état de siège et celui d’urgence et ça c’est à des situations extrêmes où les citoyens perdent l’entière liberté de leurs mouvements. Mais ça c’est constitutionnel. Alors aujourd’hui, on a pas supprimé les droits, plutôt on les a restreint. On a demandé aux partis politiques de manifester à l’intérieur de leurs siège respectifs. En ce que je comprenne, l’idée du législateur a consacré la liberté de manifester dans le seul but de donner la faculté à chaque citoyens d’exprimer sa divergence et son opinion. Mais ce n’est pas dit qu’il faut forcément envahir les voiries puisques, barrer les routes, pour interdire aux autres d’exercer leur liberté de circulation au détriment de la vôtre. Nous savons que la plus part des manifestations ici ont engendré la desolation, des morts d’Hommes, des destructions…mais ceux qui réclament ce droit constitutionnel ne font pas usage de l’esprit et du contenu de ce même droit. Alors si on restreint ces libertés pour éviter ces démesures, je crois que c’est de bon droit et de bonne pratique. »
Au regard de tout ce que travers le pays, quel profil proposeriez vous pour le futur président de la république de Guinée ?
« Moi je penses que le futur président doit être d’abord quelqu’un qui a de la valeur humaine. Qu’il ai une probilte de rassembler tous les guinéens et de comprendre qu’un seul parti ne peut pas construire ce pays. Ça été l’erreur du RPG. Quand ils pris le pouvoir, ils ont voulu que tout soit RPG. Et le résultat nous le savons tous. Ils ont tardé à donner le résultat attendu à certains endroits. Donc le futur président doit commencer par d’abord ouvrir une main tendue vers toutes les forces sociopolitique du pays afin qu’il puisse avoir une équipe multiforme et multidimensionnelle pour pouvoir bâtir l’Etat de droit. Ensuite il faut que ça soit un président qui doit veiller sur les gens auxquels il investit les puissances publiques. Lorsque vous confiez une mission à un ministre et puis vous ne le contrôlez pas, mais vous n’avez rien fait dans ce cas. Alors il faut que ça un bon guinéen qui connaît bien son pays et qu’il ai une expérience administrative pour pouvoir nommé les gens et savoir ce qu’ils font »
Interview réalisée par Tamba Pierre LENO, pour lematinalplus.com