Dans un pays, où le commun de la population perçoit la politique comme un concept noirci déjà par ceux qui la pratique, la voit comme un métier à résolution d’énigmes, une chose complexe et coriace qu’on ne peut facilement cerner sans y être dans la perpétuelle danse aux joutes multiples, ce même commun dans ses efforts nuageux la voit comme un mal nécessaire, dangereuse dirais-je ? Mais le mal serait de s’en débarrasser ou de continuer à plomber dans sa noirceur et sa complexité de face lui étant donné depuis trop longtemps, définissant la corroborocité de sa pratique. Celle susmentionnée, est propre à la celle guinéenne, cela c’est sans contradiction, aucune, sans pesanteur aucune. C’est d’ailleurs pourquoi elle est définie à la guinéenne, comme l’art de mentir, à cette définition, je m’y oppose dans une sérénité assumée jusqu’à ce que cela prenne fin, d’une part, mais d’autre part je la cautionne car si elle est définit comme l’art de mentir c’est tout simplement parce qu’elle a toujours été pratiquée par des mythomanes, les hommes de la haute pègre, des éternels affabulateurs en panne d’arguments solides pour persuader un peuple qui refuse d’en découdre avec les mauvaises habitudes et de prendre conscience de son état de misérabilisme excédant.
À moins qu’un jour nos dirigeants et nos politiciens comprennent que la politique, plus on en fait, moins elle existe dans sa légitimité, plus on en joue,moins elle a du sens démocratique, plus on en use, moins elle est utile pour l’intérêt général, plus on la décline moins elle est efficace pour servir le peuple dans son unité politique et juridique.
En Guinée, depuis l’indépendance, tout semble tourner autour des querelles de légitimité et de conquête du pouvoir. Qui est à la place de qui ou devrait être à la place de qui ? Qui convoite la place de qui, a remplacé qui, a succédé à qui ? Pourquoi lui, et pas moi ? La préoccupation des « esprits éclairés » ou « grandes compétences » du pays, reste la même, invariable: comment s’affirmer et diriger à n’importe quel prix, par tous les moyens. Aussi, le résultat des élections fait-il toujours débat et divise la classe politique qui est fondée à toujours aspirer à la victoire, mais devrait s’accommoder un tant soit peu, de la culture de la défaite dans la patience des grands hommes et l’espoir de jours meilleurs.
Que le commun des citoyens soit porté à l’excès et donne libre cours à ses passions relève, il se pourrait, de l’innocence et de la candeur des hommes portés par un idéal dans le royaume de tous les possibles. En revanche, des acteurs éprouvés, imprégnés des affaires de l’Etat ne devraient pas s’adonner à la démagogie bon marché, ou céder à de mauvais instincts pour mobiliser et révolter les profanes afin d’assouvir des ambitions démesurées.
La remise en question de l’exercice de la démocratie en Guinée ?
La Démocratie ne se limite pas à organiser des élections, quelles qu’elles soient, elle ne peut non plus être réduite au seul droit de vote exercé par les citoyens. Elle s’épanouit et se mesure aussi par la liberté d’expression nécessaire à sa vitalité, mais qui en est devenue aussi le plus grand mal au moment où s’exprimer reste à la portée de tous, l’espace public étant complètement désacralisé.
La liberté d’opinion et de conscience, chère à tous, acquise partout, ne peut être l’excuse à tous les outrages et à toutes les outrances, encore moins être le véhicule de toutes les dénégations et de toutes les impostures. Qu’on soit d’un côté ou de l’autre de la barrière, le discours ne sera peut-être jamais le même, certes, mais ce n’est pas non plus une raison de travestir les faits, maquiller les événements et tenter de faire avaler des absurdités. La vérité universelle qu’on a défendue devient le mensonge, les personnes qu’on a aimées et respectées, dont le tort serait de choisir et de s’assumer, ne sont plus dignes d’estime, de confiance et de considération. Tout doit être vu de travers, parce que jugé sous le prisme des divergences politiques et idéologiques, et d’intérêts mesquins passagers. De même, celui qui porte la contradiction et se démarque des clichés et du sens commun devrait être voué aux gémonies.
Si non, les guinéens conscients savent consciemment qu’en Guinée ce n’est nullement la démocratie qui est le régime politique, c’est plutôt, la voyoucratie, pardon la canaillocratie, attention la kakistocratie voulais-je dire.
En attendant, que chacun sache qu’il est possible d’aller à des compromis gagnants, en tenant compte de la réputation du pays qu’on dit aimer et des intérêts du peuple qu’on entend servir. Nous devons représenter des supports appropriés pour écrire des pages d’une histoire commune au profit de tous.
N’est-ce pas ce que les populations victimes des luttes d’hégémonie et des chocs d’égos espèrent tant ? Oubliées souvent, marginalisées aussi, ne voit-on pas qu’elles se détournent des politiques et pouvoiristes, dans un sursaut de lucidité et de sagesse acquises dans les épreuves traversées, et à cause de tous les sacrifices consentis pour l’orgueil et la grandeur de groupes d’intérêt et de confréries politiques rompues dans l’art de la manipulation ?
Pourtant, les exemples de fausses promesses pour tromper, de discours messianiques pour gagner, avant de se retrouver finalement devant des difficultés qu’on a ignorées, sont légion. Beaucoup de peuples ont rêvé du meilleur, celui qui leur a été promis dans l’euphorie des campagnes électorales ou pendant les années fastueuses de l’opposition, avant de partager avec ceux qui en ont fait leur fonds de commerce, le réveil brutal de la servitude de diriger, l’inconfort de gouverner à une époque de « refus », de défiance du pouvoir et de ses tenants, de l’Etat et de ses symboles. Alors, pourquoi ne pas oser la vérité, et se risquer à la sincérité, dès le départ, dans son engagement pour ne pas avoir à se renier, ou décevoir des espoirs immenses suscités et entretenus tout le temps, pour sceller un faux pacte de confiance dans un marché de dupes volatile. Ce n’est pas faire le bonheur d’un adversaire, mais c’est respecter l’opinion publique, et préserver l’intégrité et la crédibilité de politiques sans cesse dévaluées et disqualifiées par des postures opportunistes et des rhétoriques trompeuses.
Dans une société d’indignation sélective, où la loi ne serait faite que pour certains, la justice ne concernerait que d’autres.
La vérité, depuis un certain temps de longue récréation démocratique et de laisser-aller judiciaire, des libertés et des droits indus sont acquis et consacrés dans l’indifférence et la complicité coupables de tous. Le retour à la normalité est vécu comme un abus de pouvoir et une dérive autocratique. Le monde à l’envers !
Qui se construit dans le mensonge, la supercherie et la duperie peut arriver à ses fins, mais se mettra à dos le peuple qui peut céder à la tentation du rêve, mais ne pardonne jamais qu’on le traîne dans le cimetière des illusions perdues. Le courage de la vérité ne sera jamais vaincu par la force de la démagogie, parce que la politique par la caricature a montré (depuis longtemps) ses limites, devant les sacrifices et la détermination des hommes d’Etat en phase avec l’histoire, et toujous célébrés dans le temps. Comme pour les venger des imposteurs et héros de circonstances qui brillent parfois, mais disparaissent toujours aussi.
Aboubakr GUILAVOGUI