A travers un communiqué daté du mercredi 30 juin, le gouvernement guinéen a pris des mesures contre la présence de dinde contaminée sur son territoire. Le ministère du commerce invite la population à s’abstenir de consommer toute viande de dinde et ordonne la suspension de toute importation de viande de dinde. Malgré cette décision, le constat reste le même, des vendeurs continuent de vendre à des différents carrefours à travers la capitale Conakry. Ils disent ne pas être au courant. Et même ceux qui sont informés tiennent à écouler le stock restant.
Il est 19h à Conakry, la pluie est incessante comme à l’accoutumé pendant cette saison des pluies. Nous sommes au rond-point de la Transversale sept (T7). C’est ici commence notre constat. A cet endroit, vendeuses et acheteurs de la viande de dinde, sont visibles ça et là. Chacun vaque à ses occupations, malgré les menaces de pluies. Pas pour longtemps, un acheteur avance : « Tanti nwama dindon » en soussou qui veut dire « je veux dindon« . « Yéhala« , demande la vendeuse dans la même langue qui veut dire « combien ? « 10.000fg« , répond t-il. Il achète et s’en va.
Quelques minutes après, cet autre monsieur arrive. A l’en croire, ils sont clients depuis longtemps. Mais aujourd’hui, il commence par poser cette question à sa cliente. « Tantie, es-tu au courant qu’ils ont interdit la vente de dindon en Guinée ? « Ah, moi je suis pas au courant de la nouvelle », répond la vendeuse, connue sous le nom de Tantie Assatou par ses clients. « Qui a même dit ça ? », demande t-elle. « C’est le gouvernement même », répond son client. « Ok on va voir« , dit-elle. Il achète et s’en va.
Non loin de là, se trouve le rond-point de la T6 qui présente presque la même affluence. A ce grand carrefour, c’est ce vendeur près de la Station Star à la descente pour Fossidet qui attire notre attention. Juste pour la quantité de viande qu’il fait écouler chaque nuit. Arrêté dans sa tenue de vente, Idrissa BAH nous dit être au courant, mais qu’il a un stock à écouler.
« J’ai appris la nouvelle hier mais cela a trouvé que j’ai un stock dans le conteneur. J’attends donc que ce stock finisse pour voir ce que je ferai après. Comme c’est l’Etat qui le dit, on doit obéir », s’est-il confié.
Diplômé en sociologie de l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia depuis 2012, Idrissa a embrassé le metier qu’il a hérité de son frère qui est de nos jours en occident. Soucieux pour son devenir, ce sociologue de profession lance un appel à l’endroit des autorités compétentes.
« Depuis que j’ai terminé mes études, je ne fais que ça. Je n’ai pas autre entreprise. Je demande vraiment le service contrôle qualité de faire face à ce phénomène. C’est-à-dire de décanter les viandes contaminées parmi celles qui ne les sont pas. Parce que disons vrai, ce ne sont pas toutes les viandes de dinde qui sont contaminées quand-même », a-t-il sollicité.
Aux yeux de plusieurs observateurs, l’État doit au delà de l’information, se mettre à l’œuvre pour préserver sa population contre toutes autres maladies dans le pays, vu que les pandémies Corana et Ebola sont encore visibles dans le pays.
Pierre LEODESTIN