Des jeunes en colère s’en prennent aux premiers responsables préfectoraux et communaux de Kouroussa. Ils sont en colère parce que les deux chefs n’ont pas voulu les écouter. Et au centre du conflit, nos richesses minières, sur lesquelles nous comptons pour nous développer. Le pouvoir a fini par faire croire à tout le monde qu’il n’y a de salut que dans les mines. Tout le pays est envahi par les compagnies minières de tailles différentes et aux comportements parfois déshonorants. Mais les compagnies n’ont jamais tort, dès lors qu’elles bénéficient du gouvernement, de contrats dûment signés. Les populations impactées par l’exploitations ne connaissent que très peu sur les contenus.
Les ressources minières sont devenues le trésor. Les exploitants, les gardiens qui disposent de tous les droits. Les citoyens des villages bauxitiques et aurifères, de simples voisins qu’on regarde de travers. Au nom des mines et de l’argent qu’elles procurent, ils sont méprisés. Leurs terres occupées pour l’intérêt d’un Etat démissionnaire. Au nom des mines, l’environnement est détruit, parce qu’on semble ignorer toute l’importance des réserves forestières pour notre pays. Au nom des mines, on tue, parce qu’un être humain ne vaut plus grand-chose aux yeux de ceux qui décident pour nous dans ce pays.
Les zones minières sont en proie à de conflits divers et permanents. Entre employés et employeurs. Entre exploitants et communautés. L’inspection générale du travail ne peut y apporter de solutions. Elle est affaiblie par son mandant qui a donné des consignes aux préfets et gouverneurs. Les administrateurs territoriaux ont l’exaltante mission de défendre les employeurs. Leurs intérêts sont certainement les intérêts du pouvoir. Les intérêts des employés et des communautés ne l’intéressent pas. A Boké, Boffa, Siguiri, Nzérékoré, Kindia et maintenant Kouroussa, il y a eu des manifestations qui ont parfois fait des morts. L’Etat n’a jamais rendu justice.
Lorsqu’on se soulève à Kouroussa, c’est bien parce que la situation est dramatique. Et l’expression de colère est le fruit d’un sentiment de rejet systématique de la politique minière mise en œuvre depuis 2011. Le code minier révisé qui aurait dû sortir le pays et surtout les zones rurales de la précarité, n’atteint pas ses objectifs. Les villages se paupérisent davantage et lorsqu’on évoque cette misère, le gouvernement sort les chiffres. Il parle de la hausse des exportations. Nous sommes une zone de production, mais nous ne décidons absolument de rien.
Les mines pour construire les infrastructures socio de base. Elles n’existent pas en quantité. Et tous les jours l’Etat démissionnaire se fait détester. Les mines contre les routes. Elles n’existent pas ou elles sont en construction de manière permanente. L’Etat démissionnaire donne des moyens à ceux qui décident d’utiliser des vols pour sillonner les différentes préfectures du pays. Les mines pour plus d’emplois. Les jeunes recrues des différentes compagnies ont du mal à faire face à leurs obligations familiales. L’Etat démissionnaire les ignore. A La recherche du bonheur dans un sous-sol riche mais pas suffisamment bénit.
Jacques Lewa LENO